Étang en Sologne
La barque glisse sur l’eau sans faire de bruit,
L’ombre des nuages me précède à peine
J’entends juste l’inaudible clapotis
Qui s’éteint en sourdine sous le frêne.
La rame fend l’eau sombre de l’étang,
Le soleil descend à l’horizon,
La faune reprend ses droits à présent,
Les évolutions sonores des humains enfuies.
J’écoute les bruits feutrés des animaux,
Mon ouïe et ma vue s’affutent.
Quand le silence se fait parlant,
Le ragondin plonge doucement,
La couleuvre se tortille à la surface.
Sortant de l’eau avec son trophée
Le héron déploie ses grandes ailes
Et s’envole, majestueux, vers le ciel.
Les deux labradors se tiennent attentifs
A l’avant, comme deux figures de proue,
J’aime les avoir avec moi, complices.
Une carpe saute au loin, laisse un rond dans l’eau.
La nuit est palpable, le soleil se fait distant
Le ciel est orangé, mais presque noir,
La lune éclaire l’étang endormi,
Les arbres semblent tous menaçants,
Branches dressées en ombres chinoises.
Je me décide à accoster, à regret, l’âme en paix,
J’amarre la barque, les chiens sur mes talons.
Nous remontons en silence à pas lents,
La maison chaude nous attend,
La nuit a descendu son manteau noir.